Une année en chiffres

Dans la série des rétrospectives sur cette première année écoulée pour Ninja Squad, après le bilan subjectif et le bilan sur la formation, place aux chiffres, notamment financiers.

Je ne crois pas que l’argent soit le nerf de notre guerre, mais il est en tout cas un moyen de liberté, et surtout une grosse curiosité chez beaucoup de gens que l’on croise, intrigués de savoir comment ça fonctionne pour nous.

Money!

4 fondateurs

Ninja Squad, c’est 4 fondateurs : Agnès Crépet, Cédric Exbrayat, Cyril Lacôte et Jean-Baptiste Nizet. La société s’est fondée sans emprunt, avec pour seule trésorerie initiale son capital social : 10101€. Cela nous garantissait toute indépendance et ne nous obligeait à rendre de compte à personne. Pas de business plan, pas de prévisions financières1, juste notre envie de travailler ensemble et de tenter le coup sans gros risque.

3 salariés

Ninja Squad, c’est 3 salariés seulement : Cédric, Cyril, et Jean-Baptiste2.

Si nous en sommes les gérants, nous avons effectivement choisi d’être aussi salariés de notre propre entreprise (SAS customisée sur les principes coopératifs). Cyril fut le premier à l’être en juillet 2012. Il a pu se payer tout en constituant la trésorerie nécessaire pour assurer le salaire des 2 autres, qui l’ont rejoint en octobre 2012.

Si nous nous sommes payés dès le 1er jour, nous nous accordions des salaires modestes mais vivables : 1500€ nets. En effet, quelles que soient l’ancienneté ou les compétences de chacun, nous avons le même salaire, poussant l’égalité dans une société coopérative jusqu’au bout. Aux âmes bien nées la valeur n’attend pas le nombre des années.

Puis, en janvier 2013, nous sommes passés à 2000€ nets. Puis ce mois-ci, à l’issue de notre premier bilan comptable, nous venons de passer à 2500€ nets. Nous voilà dans des salaires plus que corrects, nous semble-t-il.

Vous gagnez autant d’argent?!

Ce qui est formidable, c’est que tout cela s’est déroulé comme on le rêvait sans savoir si c’était une utopie naïve. Nous avons dès le départ instauré avec nos clients notre rythme de travail : 4 jours de prestations par semaine, pour se garder un jour libre. Libres de faire de la veille, de bosser sur nos projets personnels, ou de fignoler l’idée magique qui fera de Ninja Squad le nouveau Google. Ou Github (♥). Ou WinDev (?!). On a d’ailleurs consacré près de trois mois en plus de nos #ninjackday à l’expérimentation d’idées qui nous chatouillaient. Et les formations à l’université nous ont également demandé pas mal de préparations non payées. Sans compter les deux mois d’arrêt maladie sans facturation d’un ninja qui s’est pêté les deux poignets.

Notre premier bilan comptable, à l’issue d’une année d’existence, a révélé un chiffre d’affaire de 190.000€. Il est constitué essentiellement par nos prestations de développement en régie, et pour une part plus modeste par les formations données et divers projets pour des clients en remote.

Nous avions ainsi un résultat préliminaire de 89.000€. \o/

Plutôt qu’acheter une Porsche® de fonction, ou racheter une boîte plus petite (?) pour faire de la croissance, nous avons choisi de nous redistribuer 50.000€ de ce bénéfice (ce qui n’en fait plus que la moitié une fois les charges sociales déduites), avant d’attaquer la seconde année avec une trésorerie rassurante (30.000€ après impôt société qui viennent s’ajouter à notre capital) nous permettant d’assurer plusieurs mois de salaire en cas de difficulté. Ou de projet interne à financer.

Comment avons-nous pu faire autant de bénéfice, en se payant plus que décemment, et en ne travaillant que 4 jours par semaine?

Mais quelles sont vos charges?

Nos charges sont en effet minimes. Pas de loyer, pas de salaire de managers, pas de commission de commerciaux à sortir. La principale dépense fut les frais de création de la société : 1500€ donnés à un prestataire qui s’est occupé de tout. Nos principales charges récurrentes sur un mois typique, en dehors de nos salaires et des charges sociales sont :

  • Frais de comptabilité : 300€ environ.
  • Abonnement GitHub (pour avoir des repositories privés) : 25$.
  • Location de Dedibox, hébergeant notre site web, de l’infastructure projet (Jenkins, Sonar), divers tests de technologies et projets internes en maturation : 40€.
  • Frais bancaires : 25€ environ.
  • Notes de frais de transport : 250€ environ (deux ninjas ont la drôle d’idée d’habiter vers Saint-Etienne tout en travaillant sur Lyon…).

Et c’est tout, si on néglige quelques frais annuels minimes (cotisations, taxes et assurance diverses, qui s’élèvent à un maximum de 1000€ par an)!

Quand la société a été sur ses rails, on a commencé à flamber et faire des dépenses démesurées :

  • on s’est chacun acheté un second moniteur (250€ pièce), des SSDs (200€ pièce) et des licences IntelliJ pour bosser confortablement chez nos clients récurrents.
  • on s’est payé les conférences que nous n’organisions pas :p, qui nous branchaient et où nous n’avions pas la chance d’être déjà invités (avec une Java Championne et deux JUGs leaders, on est chanceux de ce côté-là) : Devoxx FR, RealtimeConf EU, Blend Conference.
  • on a organisé un #Ninjackaton en soirée : 500€.
  • on a déposé notre marque à l’INPI : 240€.
  • on a payé un ami graphiste pour faire naître Chuck, notre emblème : 500€.
  • on a réalisé nos propres goodies (mugs, tee-shirts, badges) : 350€.
  • et on a offert des stickers pour la promotion de Golo (le montant reste confidentiel tellement il est indécent).

Voilà près de 5000€ dépensés pour le swag le confort, la veille, et notre contribution à la communauté.

Et alors?

On pourrait vous noyer sous les chiffres. Mais on voulait, en toute transparence, vous montrer l’envers du décor, et expliquer que nous n’avons pas eu de difficultés de ce côté-là, qui en effraie pourtant plus d’un au moment de se lancer. Certes, on a peut-être eu la chance de trouver des clients compréhensifs. Ou peut-être que des clients pour qui on est heureux de travailler de notre mieux, en leur apportant notre expertise, sans se compromettre, ni les voler, ont simplement envie de nous faire confiance. Et ça pourrait aussi vous arriver, qui sait.

Alors oui, gérer une société est parfois pénible (la déclaration de TVA y est pour beaucoup). Il suffit cependant de s’épauler d’un comptable efficace. Et comme nos plus gros dilemmes actuels consistent à décider pour quel client on préfère travailler dans les mois qui viennent, et si les prochains MacBook Pro payés par la société seront Retina ou non3, on signe tous pour une année supplémentaire.



  1. Pour être tout à fait juste, Cédric aimait se rassurer en bricolant des prévisions budgétaires dans des feuilles Excel® Google Spreadsheets.
  2. Si Agnès a gardé son job actuel, c'est avant tout pour raisons personnelles : conjointe d'un membre de l'équipe avec qui elle attendait un enfant, mieux ne valait pas mettre tous leurs oeufs dans le même panier avant d'être sûr qu'il n'était pas percé.
  3. Dernières nouvelles : JB vient de craquer pour un Retina, après 15 ans de développement sous Windows®! Plus besoin de maintenir de `.bat` pour nos projets internes! :)


blog comments powered by Disqus